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Témoignage de Brigitte

(76 ans, bi-implantée 2016-2018)

 

Avant tout je tiens à témoigner ma gratitude envers l'ensemble de l'équipe du CRIC dont j’ai pu constater la compétence et l’implication. Merci pour la gentillesse, la réactivité et la patience de tous ceux qui font de chaque passage dans le service un moment non seulement utile mais aussi agréable.

 

Vers la surdité profonde…

Une marche classique vers la surdité liée à l’âge, à ceci près qu'elle survient plus tôt et plus rapidement que dans la plupart des cas (sans doute liée à des facteurs génétiques). Les premiers symptômes de la diminution de l’audition se sont manifestés à la soixantaine sans que j’y attache grande importance : ni ma vie professionnelle, ni ma vie personnelle ne s'en trouvaient affectées. Mais, quand à 65 ans je pars en retraite, le handicap apparaît alors très clairement (le changement de vie m'aurait t-il fait perdre les repères habituels et mis à mal les stratégies de suppléance et d’évitement installées inconsciemment les années précédentes ?). Donc, un premier audiogramme et son verdict : « vous avez l’ouïe d'une personne de 80 ans ».… S'enclenche alors le processus prévisible : appareillage d'une oreille, puis de l'autre, changement pour de meilleures prothèses, jusqu’à ce que l'audioprothésiste avoue ne plus rien pouvoir pour l'oreille droite, qui perçoit encore mais ne comprend plus, et pronostique une évolution similaire pour la gauche

 

Dépression, désarroi…

Durant cette période, je découvre à quel point la surdité est un handicap majeur et combien on peut en souffrir. Si certains inconvénients dans l'activité quotidienne peuvent être traités avec humour, il en va tout autrement quand la surdité compromet ce qui a été fondamental dans votre existence. Pour moi, le dialogue, le débat intellectuel était au cœur de ma profession (j’enseignais la philosophie ) et de mes rapports familiers (en premier lieu mon mari qui pratique avec brio l'art de la conversation). Aussi, les difficultés grandissantes de communication - celle-ci désormais réduite à de brefs échanges et encore à certaines conditions - sont elles vécues comme une douloureuse amputation. De la même manière la pauvreté du spectre sonore a vidé maintenant la musique, qui a été toujours si importante pour moi, de sa force émotionnelle : seconde privation insupportable. À ce stade je ne me résigne pas encore au handicap pas plus que mon mari ne s'y adapte. Je suis consciente que ma surdité assombrit également la vie de celui-ci, je m'en sens coupable et malheureuse. Tristes perspectives et bien déprimantes… Aucune solution en vue… Mais, contre toute attente, le salut viendra de mon médecin traitant qui me conseille le centre Falguière d’où je suis orientée vers la consultation du professeur Frachet.

 

Sauvée ! premier implant, octobre 2016

Lorsqu'au printemps 2016 je me rends à la consultation, j'ignore que l'implant cochléaire existe et que le professeur Frachet en est un éminent spécialiste. Celui-ci me décrit brièvement la nature, les atouts et les limites (dont hélas la musique) de l’implantation, puis me propose cette solution pour l'oreille droite, la plus atteinte, si les conditions sont réunies. Je refuse le délai de réflexion proposé : la date de l'opération est retenue, ce sera en septembre… Il me paraîtrait inconséquent de négliger la chance inespérée de l’aide qui m'est alors offerte. Pour toute information, je consulte la brochure donnée par l’hôpital et les témoignages publiés sur le site de l'AIFIC qui confortent ma décision. L'intervention se déroule parfaitement, hospitalisation courte, pas de douleurs, suites post-opératoires simples et enfin, l'activation.

Les électrodes fonctionnent, je perçois des sons, mais pas de miracle pour moi ce jour là, aucun n'est identifiable, surtout pas la parole, et tous très faibles. Cependant je n’éprouve aucune déception, bien prévenue par la lecture des témoignages. J'entends de toute façon avec l'oreille gauche. Je commence la rééducation avec détermination et grâce aux séances d'orthophonie qui aident à repérer les manques et proposent méthodes et outils pour y remédier,  puis aux séances de réglage, les progrès sont rapides et significatifs. En trois mois, j'ai retrouvé un niveau de compréhension qui ne rend plus nécessaire l'intervention de l’orthophoniste. Au fil des jours l’amélioration se poursuit et la réhabilitation auditive est un réel succès 6 mois après l’implantation : implant plus aide auditive, j’ai l’impression de mener à nouveau une vie normale et même la musique a repris quelques couleurs… la maison respire !

 

Deux c'est mieux ! Deuxième implant, avril 2018

Hélas, la dégénérescence de l'oreille gauche s'accentue : le répit aura été de courte durée. À l’automne 2017, malgré l'aide auditive, la compréhension s'est effondrée de ce côté-là. L’implant certes assure la suppléance mais je viens juste de retrouver le confort et l’absence de fatigue que procure l'usage de deux oreilles. Un second implant serait il envisageable ? Je consulte cette fois le docteur Poncet qui se déclare favorable à cette deuxième implantation tout en m'en décrivant le risque et sans me garantir un réel bénéfice si ce n’est une meilleure spatialisation… prudence oblige… Sans plus hésiter que pour le premier implant dont je suis si satisfaite, j’opte pour l'opération ; de toutes façons je suis à présent totalement sourde profonde. Qu'ai-je à perdre ? L’intervention se déroule comme la première, sans désagréments, ni douleur, ni vertige, en avril 2018. L’activation a lieu début mai.

Les électrodes fonctionnent et cette fois-ci, misérable miracle mais bien émouvant, j’entends et comprends immédiatement ce qui m'est dit. C'est largement au-delà de mes espérances. Une rééducation rapide, les réglages qui équilibrent les deux oreilles, il suffit d’un mois pour que je constate les grands bénéfices d'une bi-implantation : sons beaucoup plus riches et variés, repères spatiaux aisés, compréhension dans un espace bruyant et surtout une bien moindre fatigue car la compréhension ne nécessite plus guère d'efforts. S’il est encore trop tôt pour un bilan définitif car l'audition me semble encore progresser régulièrement, je peux néanmoins dire aujourd’hui déjà que cette implantation bilatérale a balayé les difficultés précédentes et que j’ai l’impression, bien que sourde profonde, de ne l’être pas !... Malheureusement l’écoute musicale reste, elle, encore  hautement problématique, mais il n’est pas interdit d'espérer… Quelques jours d'exercices m'ont permis – petit bonheur - de passer de chansons de musique de variété - paroles et musique parfaitement restituées- à la musique plus élaborée des lieder de Schubert. De toute façon ne faut-il pas « imaginer Sisyphe heureux » ?

 

Pour résumer

Aujourd’hui chaque implant pris séparément m'assure une audition satisfaisante : converser, écouter la radio, téléphoner, voir un film non sous-titré, c'est possible. Et, si j’éprouve parfois quelques difficultés, l’utilisation de la télécommande permet presque toujours d'y remédier.

Avec l’utilisation simultanée des 2 processeurs le gain majeur, outre les éléments cités plus haut, consiste pour moi en ce miracle que l'audition me semble redevenue naturelle. Je ne parle pas ici des sonorités mais de la disparition du décalage entre le son perçu et son interprétation. L’effort d'attention n'est plus requis, finie donc la fatigue qu'il engendre.

Promesses tenues, et au-delà… Un beau cadeau… Merci !

Compiègne  2.11.2018